Ces chercheurs qui cherchent à chercher !!!
Il existe des individus qui consacrent de leur temps et de leur esprit à fouiller. Ils fouillent dans tout et n'importe quoi. De l'impact de la chaleur sur le comportement d'une fourmi borgne en Alaska à la formule mathématique qui permettra de mesurer le mouvement d'une vague.
La plupart du temps, ces découvertes ne changent apparemment rien à notre vie. Et le pire, c'est qu'aujourd'hui encore, certains fouillent en espérant trouver quelque chose à chercher...
Il faut dire que le passé donne raison à ces personnages compulsifs, combien de fois une découverte apparemment insignifiante a fini par sauver, modifier ou ôter des vies; du chewing-gum à la tablette tactile, du télégramme au satellite c'est bien une agglomération de trouvailles qui les ont permis. Pour ne citer qu'un court exemple ; on utilise aujourd'hui une molécule découverte chez les éponges pour traiter le cancer du sein, et quand on voit la tête d'une éponge...
Beaucoup de découvertes se sont faites au hasard, mais elles ont toujours pu être révélées parce que quelqu'un était prêt à regarder et à comprendre. Les chercheurs et chercheuses trouvent des choses à priori inutiles, qui combinées à d'autres découvertes, deviennent essentielles. Ce sont les découvertes d'hier qui ont fait le monde d'aujourd'hui, ce sont elles qui nous donnent le vocabulaire et le regard qui nous permettent de comprendre notre environnement.
La pratique et la recherche de développement permettent l'amélioration des moyens actuels, la recherche fondamentale permet quant à elle de conserver du recul sur ce que l'on sait pour l'instant en se tournant vers demain.
Quand nous croyions que la terre était plate, nous vivions réellement dans un monde avec des bords dont il ne valait mieux pas s'approcher. Jean Gabin dans sa chanson « Maintenant je sais », chante: Toute ma jeunesse, j´ai voulu dire "je sais", seulement, plus je cherchais, et puis moins j´savais [,,,] Maintenant je sais, je sais qu´on n´sait jamais!
Pour ma part cela me rend optimiste ; ceux et celles qui cherchent me rappellent que l'on n'en saura jamais assez, ce qui me laisse imaginer le monde comme un espace à explorer.
Je suis convaincu qu'en cherchant ou en suivant la recherche on peut développer un regard humble sur le monde, je crois aussi que les savoirs doivent être transdisciplinaires et formulables en termes clairs pour faire partie du quotidien.
Que l'on cherche une adresse pour le cadeau de sa cousine ou que l'on veuille tenter de comprendre le comportement social d'une anguille ; plus fort encore que le résultat, la démarche et le chemin parcourus sont riches de rencontres et de découvertes. Il me semble possible de voir ces gens qui cherchent comme des explorateurs-trices qui repoussent les limites du compréhensible et du possible.
La recherche ne doit pas être réservée aux chercheurs, elle ne doit pas servir à alimenter les conversations de quelques érudits pendant des colloques dans des tours d'ivoires. La recherche se doit d’être utile et connectée avec le commun des mortels ignorants la biochimie ou les processus de fissions des atomes. Elle le peut et elle le doit, d'abord ça lui apprendra à parler français, et surtout elle augmentera son potentiel de découverte par la multiplication des contributeurs potentiels.
Raphael Mellado, Sociologue